Début 2019, l’association Le singe savant entame ‘Beatriz’, un projet autour de la figure de la Comtesse de Die, trobairitz du XIIe siècle. A partir de l’œuvre musicale inspirée de la chanson A chantar m’er de so qu’ieu non volria, de nombreux questionnements politiques sur la place des femmes à l’époque, et sur la visibilité des femmes dans la société contemporaine sont soulevés. En découle unvolet de sciences socialesambitieux, intitulé Matrimoine-en-Diois.

Quelqu’un, plus tard,
se souviendra de nous…

Sappho, poétesse grecque du VIIe -VIe siècle

La Comtesse de Die ou ‘Béatriz’ de Die, illustre la minoration, l’effacement des femmes de notre mémoire, de notre espace public, de notre Histoire, de notre patrimoine, que l’UNESCO définit comme notre héritage culturel commun.
Beatriz de Die (XIIe siècle) est connue comme la seule trobairitz ayant laissé une partition ; elle appartient au mouvement trobar à l’origine de la littérature européenne moderne. A Die, elle n’est honorée d’aucun nom officiel de rue ou bâtiment. La « Place de la Comtesse » est ainsi informellement surnommée car elle accueille son buste (avec une notice biographique succincte et erronée). Officiellement le buste est attribué à la sculptrice « Madame Clovis Hugues », et non à Jeanne Royannez (femme de Clovis Hugues) qui avait un nom à elle, une œuvre et un engagement politique lors de la Commune de Marseille, au même titre que son mari.

S’ajoute à cet exemple précis d’autres constats plus contemporains d’oubli, d’omission, de masquage de la contribution féminine que cela soit en milieu rural, au niveau national ou international.

Installation au pied du buste de Beatriz de Die de Kate Fletcher en 2021

L’objectif de notre projet est de rendre visible la contribution féminine dans le Diois, en faisant d’abord un état des lieux.

Nous souhaitons contribuer à l’égalité femme-homme en changeant les représentations sur la hiérarchie entre hommes et des femmes, sur la moindre valeur de la contribution des femmes à l’héritage commun, sur l’invisibilité, la discrétion, la dévalorisation des œuvres et des savoirs des femmes.
En rendant visibles les femmes dans l’espace public physique et discursif, nous voulons que :

  • les collectivités locales et territoriales valorisent l’héritage féminin dans l’espace public ainsi que dans leurs pratiques, actions, discours.
  • la population dioise s’approprie le matrimoine comme questionnement sur l’égalité femme-homme et sur l’histoire collective du territoire.
  • le débat national (dans le cercle de la recherche, des arts et du militantisme) sur le concept de Matrimoine soit enrichi par notre contribution locale ancrée dans la ruralité.

Notre compréhension du passé aide à construire et déconstruire le présent. Nous espérons ainsi que notre projet sera un pas de plus vers la fin de toutes les inégalités, toutes les dominations.