Le mot de « matrimoine » est repris dans les années 2010 afin de créer un parallèle féminin à « patrimoine », désignant ainsi les biens, matériels ou immatériels, ayant une importance artistique ou historique, hérités des femmes.

Cependant, le terme est plus ancien. Il apparaît en 1155 en ancien français, sous la forme de matremuine, évolue, puis disparaît de l’usage. Cette évolution sémantique a sans doute accompagné l’évolution de la situation sociale et juridique des femmes depuis le Moyen-Âge.

On pourrait donc voir dans le matrimoine « la mémoire des créatrices du passé et de la transmission de leurs œuvres », qui serait le pendant de l’attention portée aux hommes célèbres qui font le patrimoine aux yeux du grand public.

Ne faut-il pas ajouter aux créatrices du matrimoine toutes les femmes anonymes qui, dans leur travail non reconnu de femmes, œuvrent à un héritage culturel commun ordinaire ? Notamment présentes dans la sphère reproductive, elles font vivre les langues maternelles, ou encore perpétuent les savoirs développés et transmis entre femmes autour des soins, des plantes, de la reproduction, des semences, de l’alimentation, des textiles…

Nous préférons penser le matrimoine dans une richesse polyphonique, en plaçant ce mot au cœur de notre projet. Nous nous efforçons, dans chacun de nos actions, de l’interroger et d’enrichir sa définition.